la terre en aurait parlé ; tous les astronomes auraient calculé ce phénomène.
LE CHRÉTIEN. — Cela est pourtant dans son
livres sacrés.
LE SÉNATEUR. — Montrez-moi vos livres.
LE CHRÉTIEN. — Nous ne les montrons point
aux profanes, aux impies ; vous êtes un profane et
un impie, puisque vous n’êtes point de notre secte.
Nous avons très peu de livres. Ils restent entre les
mains de nos maîtres. Il faut être initié pour les lire.
Je les ai lus, et si sa majesté impériale le permet, je
vais vous en rendre compte en sa présence : elle
verra que notre secte est la raison même.
LE SÉNATEUR. — Parlez, l’empereur vous l’ordonne,
et je veux bien oublier qu’en digne chrétien
que vous êtes vous m’avez appelé impie.
LE CHRETIEN. — Oh ! seigneur, impie n’est pas
une injure ; cela peut signifier un homme de bien
qui a le malheur de n’être pas de notre avis. Mais,
pour obéir à l’empereur, je vais dire tout ce que je
sais.
Premièrement, notre Dieu naquit d’une femme pucelle, qui descendait de quatre prostituées : Bethsabée, qui se prostitua à David ; Thamar, qui se prostitua à Juda le Patriarche ; Ruth, qui se pros-