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dialogues philosophiques

titua au vieux Booz ; et la fille de joie Rahab qui se prostituait à tout le monde : le tout pour faire voir que les voies de Dieu ne sont pas celles des hommes.

Secondement, vous devez savoir que notre Dieu mourut par le dernier supplice, puisque c’est vous qui l’avez fait mettre en croix comme un esclave et un voleur ; car les Juifs n’avaient pas alors le droit du glaive ; c’était Pontius Pilatus qui gouvernait Jérusalem au nom de l’empereur Tibère : vous n’ignorez pas que ce Dieu ayant été pendu publiquement ressuscita secrètement ; mais ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que sa naissance, sa vie, sa mort, avaient été prédites par tous les prophètes juifs : par exemple, nous voyons clair comme le jour lorsqu’un Isaïe dit, sept ou quatorze cents ans avant la naissance de notre Dieu : « Une fille ou femme va faire un enfant qui mangera du beurre et du miel, et il s’appellera Emmanuel », cela veut dire que Jésus sera Dieu.

Il est dit, dans une de nos histoires, que Juda serait comme un jeune lion qui s’étendrait sur sa proie, et que la vierge ne sortirait point des cuisses de Juda jusqu’à ce que Shilo parût. Tout l’univers avouera que chacune de ces paroles prouve que Jésus est Dieu. Ces autres paroles remarquables, il lie son ânon à la vigne, démontrent par surabondance de droit que Jésus est Dieu.

Il est vrai qu’il ne fut pas Dieu tout d’un coup, mais seulement fils de Dieu. Sa dignité a été bien-