L’ADORATEUR. — C’est non seulement celle de
Socrate, qui se moquait des fables des Grecs, mais
celle de Jésus, qui confondait les pharisiens.
LE DOUTEUR. — Si vous êtes de la religion de
Jésus, pourquoi n’êtes-vous pas de celle des jésuites,
qui possèdent trois cents lieues de pays en long et
en large au Paraguay ? Pourquoi ne croyez-vous
pas aux prémontrés, aux bénédictins, à qui Jésus a
donné tant de riches abbayes ?
L’ADORATEUR. — Jésus n’a institué ni les bénédictins,
ni les prémontrés, ni les jésuites.
LE DOUTEUR. — Pensez-vous qu’on puisse servir
Dieu en mangeant du mouton le vendredi, et en
n’allant point à la messe ?
L’ADORATEUR. — Je le crois fermement, attendu
que Jésus n’a jamais dit la messe, et qu’il mangeait
gras le vendredi, et même le samedi.
LE DOUTEUR. — Vous pensez donc qu’on a corrompu
la religion simple et naturelle de Jésus, qui
était apparemment celle de tous les sages de l’antiquité ?
L’ADORATEUR. — Rien ne paraît plus évident.
Il fallait bien qu’au fond il fût un sage, puisqu’il
déclamait contre les prêtres imposteurs, et contre