elle lui répondit : Il y a trente ans qu’on me le dit, et je voudrais qu’on me le dît trente ans encore.
L’ABBÉ. — Madame, madame, un bon mot ne
prouve rien.
LE COMTE. — Cela est vrai ; mais un bon mot
n’empêche pas qu’on ne puisse avoir raison.
L’ABBÉ. — Et quelle raison pourrait-on opposer à
l’authenticité des prophéties, aux miracles de Moïse,
aux miracles de Jésus, aux martyrs ?
LE COMTE. — Ah ! je ne vous conseille pas de
parler de prophéties, depuis que les petits garçons
et les petites filles savent ce que mangea le prophète
Ézéchiel à son déjeuner, et qu’il ne serait pas honnête
de nommer à dîner ; depuis qu’ils savent les
aventures d’Oolla et d’Ooliba, dont il est difficile
de parler devant les dames ; depuis qu’ils savent
que le Dieu des Juifs ordonna au prophète Osée de
prendre une catin, et de faire des fils de catin. Hélas !
trouverez-vous autre chose dans ces misérables que
du galimatias et des obscénités ?
Que vos pauvres théologiens cessent désormais de disputer contre les juifs sur le sens des passages de leurs prophètes, sur quelques lignes hébraïques d’un Amos, d’un Joël, d’un Habacuc, d’un Jérémiah ; sur quelques mots concernant Éliah, transporté aux régions célestes orientales dans un cha-