à ce qu’ils pensent, et en avoir beaucoup à ce qu’ils font ; les laisser libres dans leur commerce avec Dieu, et ne les enchaîner qu’aux lois dans tout ce qu’ils doivent aux hommes. Car il faudrait traiter comme des bêtes féroces des magistrats qui soutiendraient leur religion par des bourreaux.
L’ABBÉ. — Et si, toutes les religions étant autorisées,
elles se battent toutes les unes contre les autres ?
si le catholique, le protestant, le grec, le turc,
le juif, se prennent par les oreilles en sortant de la
messe, du prêche, de la mosquée et de la synagogue ?
M. FRÉRET. — Alors, il faut qu’un régiment de
dragons les dissipe.
LE COMTE. — J’aimerais mieux encore leur donner
des leçons de modération que de leur envoyer
des régiments ; je voudrais commencer par instruire
les hommes avant de les punir.
L’ABBÉ. — Instruire les hommes ! que dites-vous,
monsieur le comte ? les en croyez-vous dignes ?
LE COMTE. — J’entends ! vous pensez toujours
qu’il ne faut que les tromper : vous n’êtes qu’à moitié
guéri ; votre ancien mal vous reprend toujours.
LA COMTESSE. — À propos, j’ai oublié de vous
demander votre avis sur une chose que je lus hier