les disputes théologiques sont absurdes et funestes.
M. FRÉRET. — Convenez donc aussi qu’il faut
couper par la racine un arbre qui a toujours porté
des poisons.
L’ABBÉ. — C’est ce que je ne vous accorderai point ;
car cet arbre a aussi quelquefois porté de bons fruits.
Si une république a toujours été dans les dissensions,
je ne veux pas pour cela qu’on détruise la république.
On peut réformer ses lois.
LE COMTE. — Il n’en est pas d’un État comme
d’une religion. Venise a réformé ses lois, et a été
florissante ; mais quand on a voulu réformer le catholicisme,
l’Europe a nagé dans le sang ; et, en dernier
lieu, quand le célèbre Locke, voulant ménager
à la fois les impostures de cette religion et les droits
de l’humanité, a écrit son livre du Christianisme
raisonnable, il n’a pas eu quatre disciples : preuve
assez forte que le christianisme et la raison ne peuvent
subsister ensemble. Il ne reste qu’un seul remède
dans l’état où sont les choses, encore n’est-il
qu’un palliatif, c’est de rendre la religion absolument
dépendante du souverain et des magistrats.
M. FRÉRET. — Oui, pourvu que le souverain et
les magistrats soient éclairés, pourvu qu’ils sachent
tolérer également toute religion, regarder tous les
hommes comme leurs frères, n’avoir aucun égard