A Chine, autrefois entièrement ignorée, longtemps
ensuite défigurée à nos yeux, et enfin
mieux connue de nous que plusieurs provinces
d’Europe, est l’empire le plus peuplé, le plus florissant
et le plus antique de l’univers : on sait que,
par le dernier dénombrement fait sous l’empereur
Kang-hi, dans les seules quinze provinces de la
Chine proprement dite, on trouva soixante millions
d’hommes capables d’aller à la guerre, en ne comptant
ni les soldats vétérans, ni les vieillards au-dessus
de soixante ans, ni les jeunes gens au-dessous
de vingt, ni les mandarins, ni les lettrés, encore
moins les femmes : à ce compte, il paraît difficile
qu’il y ait moins de cent cinquante millions d’âmes,
ou soi-disant telles, à la Chine.
Les revenus ordinaires de l’empereur sont deux cents millions d’onces d’argent fin, ce qui revient à douze cent cinquante millions de la monnaie de