Page:Volterra - Henri Poincaré l'oeuvre scientifique, l'oeuvre philosophique, 1914.djvu/268

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leur commodité et leur utilité en vue de l’action. N’était-ce point là presque textuellement les paroles d’Henri Poincaré ? Ce les étaient si apparemment que lorsque Poincaré crut devoir prendre ouvertement parti contre les nominalistes et les pragmatistes, nombre de personnes crurent à un revirement de sa part ; à moins qu’elles ne préférassent continuer à le ranger, malgré luit parmi les adeptes de la nouvelle école.

Et, pourtant, Henri Poincaré n’avait aucune peine à montrer que ses idées avaient toujours été opposées à celles (les nominalistes. Il lui suffisait pour cela de citer et de discuter une petite phrase de M. Le Roy : « le savant crée le fait. » Non, déclare Henri Poincaré, le savant ne crée pas le fait ; il ne crée que le langage dans lequel il énonce les faits ; et c’est ce que j’ai toujours dit. J’ai expliqué que les géométries euclidienne et non-euclidienne parlaient des langues différentes, mais exprimaient les mêmes vérités et que l’on pouvait les traduire l’une dans l’autre comme on traduit de l’allemand en français, qu’il suffisait pour cela de construire une sorte de dictionnaire indiquant quels sont les termes des deux géométries qui se correspondent l’un à l’autre. Voilà qui est, semble-t-il, suffisamment pré-