Page:Volterra - Henri Poincaré l'oeuvre scientifique, l'oeuvre philosophique, 1914.djvu/274

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à modifier sa classification primitive des mathématiciens ; il rangera désormais Hermite parmi les intuitifs, parmi ceux qui savent le mieux utiliser cette faculté de vision intellectuelle dont Platon déjà affirmait l’existence[1].

Telles sont les vues qu’Henri Poincaré exprime avec une netteté de plus en plus grande dans ses derniers écrits. Il renonce à la certitude objective pour pénétrer plus avant dans le secret de la genèse des mathématiques. Déjà il avait tenté d’expliquer l’origine psychologique et physiologique de notre notion d’espace. Il cherche maintenant comment nous prenons possession des notions de l’analyse pure.

L’importance de ces dernières spéculations d’Henri Poincaré n’échappera pas au monde philosophique. À première vue, on pourrait être tenté de croire que Poincaré a surtout été un négateur. Il a montré avec beaucoup de force comment les opinions classiques sur la science sont contredites par les faits. Mais sa doctrine positive est-elle suffisamment complète ? Quelle idée doit-on se faire de ces principes scientifiques qui ne sont pas empiriques, mais sont néanmoins tirés de l’expé-

  1. Cf. La Logique de l’infini apud Scientia, juillet 1912.