Page:Von Kotzebue - Souvenirs de Paris en 1804, tome 1.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DE PARIS 3

de même du pélerin qui fait le voyage dé la vie : il lui faut s’exposer à toutes les tempêtes, et bien souvent il y suc- combe. Dans l’entretien aimable d’un compagnon joyeux, le voyageur cherche et trouve un délassement agréable ; mais jusque dans les bras de celle qu’il s’est associé, l’homme ne peut se livrer avec sécurité au plaisir ; car dans le moment même où l’épouse la plus aimante, la fille la plus chère, l’ami le plus tendre, le pressent contre leur sein on le voit subitement s’éteindre, et tomber comme un épi sous la fauci1le du moissonneur. L’homme en proie à l’ennui, aux noirs chagrins, éprouve du moins quelque soulagement à voyager. Pour éloigner de son coeur les souvenirs déchirans qui le tourmentent, il doit chercher d’autres montagnes, d’autres vallées, que celles qu’il a parcourues jusqu’alors ; mais sur-tout des visages nouveaux qui ne le connaissent pas et ne puissent pas deviner ce qui se passe dans son ame. Celui dont l’habitation vient d’être brûlée 1.