Page:Von Kotzebue - Souvenirs de Paris en 1804, tome 1.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

SOUVENIRS

comme l’aspect de la belle nature sourit aujourd’hui au voyageur qui parcourt le chemin de la montagne ! Puissent-ils alors n’apercevoir qu’à travers un épais brouillard les horreurs des révolutions, et jouir doublement de leur bonheur par le souvenir de nos maux passés Vous le voyez, mon aimable amie, je pensais là où je n’aurais dû que sentir, ce qui vous prouvéra, jusqu’à l’évidence, que je ne jouis encore qû’imparfaitèment des plaisirs qu’éprouve, en parcourant un beâu pays, le voyageur dont l'ame est calme et susçeptible de se livrer aux impressions agréâbles que lui offrent ses sens. Hélâs ! que sont des plaisirs que personne ne partage ? Je crois que les jouissances, méme les plus grossières, celles qui nous sont communes avec les animaux, même le boire et le manger, perdent la plus grande partie de leurs charmes si l’amour social ne les assaisonne pas. L’homme bon et cultivé ne saurait jouir seul. Ce qui m’a fait éprouver le plus de plaisir dans ma vie me