Page:Von Kotzebue - Souvenirs de Paris en 1804, tome 1.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

56 SOUVENIRS

vérité (I). Dans les auberges des grandes villes, vous avez de plus à satisfaire l’insatiable avidité des domestiques. A Lyon par exemple il en vint au moins dix me demander pour boire ; la cuisinière, la fille qui sert à table, celle qui allume le feu, celle qui fait le lit, celle qui apporte le thé ou le café, les garçons, le cocher, et jusqu’au valet d’écurie qui avait lavé ma voiture ; et je ne connais pas de moyens de se débarrasser de tant d’importuns, sinon d’avoir toujours la bourse à la main (2). Cette persécution provient de la grande

(I) Tout n’est pas profit dans le monde, et il coute nécessairement dans tous les pays pour se remarquer. Si M. Kotzebue eût voyagé modestement comme doit le faire un pauvre auteur, il n’eût pas produit sur la route la moindre sensation ; aussi un bon repas à table d’hote ne lui eût coûté que trois ou quatre francs au plus ; mais il nous est venu tout chamaré de cordons, tout couvert de crachats ; on l'a pris pour l’ambassadeur de quelque puissance alliée, et il me parait tout simple qu’on lui ait fait payer le plaisir de passer un moment pour un grand homme. (2) Ah que c’est dur !