Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/138

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

130 LA GUERRE DE 1870. rantîe nécessaire que les engagements pris seraient tenus. Que le maréchal, si ses visées s’étaient réalisées, n’eût I pas sauvegardé les intérêts de la France, rien ne le prouve ni ne le fait supposer. Mais bientôt il se forma a Paris un groupe d’hommes qui, sans consulter la nation, se constituèrent en gouver- nement, de leur propre autorité, et prirent en main la di- rection des affaires. Vis-a·vis de ces hommes, le maréchal pouvait certes, en s'appuyant sur son armée, se poser en rival, voire même en ennemi; il pouvait — et c’était là son crime aux yeux du gouvemement de Paris — rétablir l’autorité de l’empereur auquel il avait juré fidélité. Nous n’examinerons pas si, en agissant de la sorte, il n’eut pas évité au pays de longues souffrances et d’énormes sacri- Hces.Si, dans la suite, on l’accusa de trahison, cela provient de ce qu’il faut a tout prix un « traître » à la vanité fran- çaise, pour expliquer les défaites essuyées par la nation. Peu de jours après que le maréchal eut fait son simu- lacre de sortie, l’armée d’investissement se vit réellement affaiblie. Le généralissime, en effet, avait ordonné, le 29 août, de porter les Il° et lll° corps a Briey et a Gon- flans, ce qui fut fait. A la vérité, ces forces pouvaient, de là, agir contre l’un et l’autre des deux maréchaux. De plus, le Xlll° corps, qu’on venait de constituer avec la 17* divi- sion d’infanterie, qui était restée pour protéger les cotes et les troupes de Landwehr, venait d’étre dirigé sur Metz. Dans l’intervalle, le maréchal Bazaine avait sans doute compris qu’il s’était fait illusion en espérant pouvoir obte- ‘ nir le libre passage pour son armée en engageant des né- gociations. Il résolut en conséquence de forcer les lignes dinvestissement. Les troupes reçurent trois jours de vivres, les magasins de la place livrèrent en outre à l’in-