Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/137

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SORTIE DE IJARMÉE DE METZ. 129 chose qu’un simulacre. Le maréchal manda au ministre dela guerre que, faute de munitions, il lui était « impos- sible » de forcer les lignes ennemies, si « l’adversaire n’était pas contraint à la retraite » par des mouvements otfensifs du dehors. Il insistait en outre pour qu’on le tint au courant « des dispositions d’esprit de la population » de Paris. _ La conduite que tenaitle maréchalBazaine lui était dictée, non seulement par des considérationsmilitaires, mais encore par des raisons politiques; cela est hors de doute, maisil est permis de se demander s’il pouvait agir autrement en pré- sence du désarroi ou était alors la France. Il ressort de la correspondance dont nous venons de donner des extraits, comme de la conduite qu’il tint dans les batailles sous Metz, qu’il n’avait absolument pas envie de s’eloigner de cette place. A l’abri de ses remparts, il pouvait garder intactes des forces considérables jusqu’au moment où il jugerait a propos d’intervenir. Placé a la tête de la seule armée française qui n’eût pas été détruite, il pouvait ac- quérir une autorité telle qu’il n’eût point son égal dans le pays. Ala vérité, il fallait d’abord que cette armée fût libre et hors du cercle qui l’enserrait. Forcer ce cercle en en- gageant la lutte avec l’ennemi, c’eùt été, même en cas_ de réussite, affaiblir considérablement son armée, et le maré- chal pouvait, en mettant les choses au mieux, admettre qu’étant détenteur de l’autorité, il serait a même d’oflrir a l’adversaire des conditions qui détermineraient celui—ci à lui livrer passage. En effet, lorsqu’on en viendrait a faire la paix, les militaires et les diplomates allemands seraient bien obligés de se demander quel était le pouvoir, en France, avec lequel, l’Empire 1111e fois renversé, on pour- rait négocier et qui serait assez fort pour leur offrir la ga- 9