Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

142 LA GUERRE DE'1870. ses ordres travaillait, en quelque sorte comme chef d’état— major général, un autre civil, M. de Freycinet. La direc- tion énergique mais trahissant le dilettante, qu’ils impri- mèrent aux affaires, a couté cher à. la France. Gambetta sut, avec une ténacité inébranlable et une énergie rare, armer la nation tout entière, mais il ne sut pas faire agir les troupes créées par lui d’après un plan nettement conçu. Sans laisser le temps à leurs officiers d’en faire des troupes instruites et solides il les envoyait, durement et brutale- ment, sans attendre qu’elles fussent complètement armées, tenter des entreprises mal combinées contre un ennemi dont la solide organisation les devait briser malgré leur bravoure et leur dévouement. ll prolongea la lutte en im- posant aux deux parties les plus grands sacrifices, sans parvenir a rendre le sort favorable a la France. Quoi qu’il en soit, les hommes placés à. la tète del’armée allemande allaient avoir a vaincre de grandes difücultés. Les batailles et engagements livrés depuis le comnien- cement de la guerre lui avaient infligé de grandes pertes; celles essuyées par le corps des officiers étaient irrémé- diables. Une des moitiés de l’armée était retenue devant Metz et Strasbourg. Le transport et la garde de plus de 200 000 prisonniers occupaient une grande partie des troupes de l’intérieur, nouvellement constituées. Les nom- breuses places de guerre françaises n’avaient pas, il est vrai, constitué un obstacle capable d’empècher les armées allemandes de pénétrer en France : il n’en fallait pas moins les investir ou du moins les observer afin d’assurer les communications avec l’intérieur de l’Allemagne, le trans- port des renforts destinés à. combler les vides et le ravi- taillement; chaque pas qu’on faisait en avant dans le pays ennemi nécessitait un déploiement de forces plus considé-