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PRISE DE STRASBOURG. 169

considérable : il comprenait la réserve en numéraire de la Banque de France, 1200 bouches à feu, 200 000 armes à feu portatives et des approvisionnements considérables. Le 28 septembre, à 8 heures du matin, des compagnies prussiennes et badoises occupèrent la porte Nationale, les portes des Pêcheurs et d’Austerlitz. La garnison française ayant à sa tête le général Uhrich quitta la ville par la première. Le défilé se fit d’abord en bon ordre, mais bientôt de nombreux soldats pris de boisson sortirent des rangs, brisant leurs armes ou refusant d’obéir. Deux bataillons et deux escadrons escortèrent les prisonniers qui furent pour le moment internés à Rastatt. L’antique ville libre impériale dont la France s’était emparée en pleine paix, deux siècles à peu près auparavant, venait d’être rendue à la patrie germanique grâce à la bravoure des troupes allemandes. Celles-ci avaient perdu pendant le siège 39 officiers et 894 hommes. Quant à la ville, on n’avait pas pu lui éviter des souffrances et des pertes, 450 maisons étaient entièrement détruites, 10 000 personnes se trouvaient sans abri, près de 2000 avaient été tuées ou blessées. Le Musée et la collection des tableaux, l’Hôtel de Ville et le Théâtre, le Temple neuf, le Gymnase 1, l’Aubette et malheureusement aussi la Bibliothèque avec ses 200 000 volumes étaient devenus la proie des flammes. L’admirable cathédrale portait dans beaucoup de ses parties la trace des projectiles, et la citadelle n’était plus qu’un monceau de décombres. Sous les ruines des ouvrages du front ouest sur lequel on avait dirigé la principale attaque, gisaient les pièces françaises démontées et abîmées.1. Établissement protestant d'enseignement secondaire. (N. d. T.)