Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/501

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Les Allemands eussent pu mettre fin facilement et vite à cette révolution ; mais quel est le gouvernement qui eût pu accepter l’intervention des baïonnettes étrangères ? Les généraux allemands commandant en chef se bornèrent à entraver, dans le rayon soumis a leur action, tout mouve- ment révolutionnaire et à empêcher la province dîaffluer sur Paris. On interrompit les travaux de désarmement, les troupes de la troisième armée se rapprochèrent des forts ; on replaça des avant-postes le long de la ligne de démarcation, derrière lesquels 200 000 hommes pouvaient être concentrés en moins de deux jours. On avertit les hommes qui détenaient le pouvoir à Paris que toute tentative qu’ils feraient d’armer les fronts faisant face aux Allemands aurait pour conséquence immédiate le bombardement de la ville. Mais les émeutiers étaient trop occupés à brûler, à démolir, à fusiller pour asseoir leur puissance à l’intérieur de Paris ; ils ne tournèrent pas leurs armes contre l’ennemi du dehors, ils étaient en lutte avec le gouvernement élu par la nation et se préparaient à faire une sortie sur Versailles. Les gouvernants, liés par les conventions de l’armistice, se trouvaient à peu près désarmés vis-à-vis de ce danger.

Mais, l’état-major allemand s’empressa de leur accorder l`autorisation de réunir des forces d’un effectif de 80 000 hommes fournis par les corps postés à Besançon, à Auxerre et à Cambrai; on leur accorda le libre passage à travers le territoire occupé par les Allemands. Par contre, on ne procédait que dans une limite fort restreinte au rapatriement des troupes prisonnières de guerre. C’étaient pour la plupart des hommes aguerris qui eussent fort bien pu recommencer les hostilités ; aussi ne renvoya-t-on, pour commencer, que 20000 hommes de troupes de la ligne. Le 4 avril, le maréchal de Mac-Mahon commença les