Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de troupes s’emmêlèrent considérablement, mais leurs chefs n’en parvinrent pas moins à progresser continuellement en sachant habilement tirer parti de chaque ondulation du terrain présentant un couvert, si minime qu’il fût, et cela en dépit du feu violent de l’infanterie et de l’artillerie ennemies. Flavigny fut enlevé, une pièce de canon et un certain nombre de prisonniers tombèrent aux mains des vaillants Brandebourgeois.

Dès lors Vionville, Flavigny et la saillie septentrionale de la forêt de Saint-Arnould constituaient les points d’appui du front des Prussiens, qui à présent faisaient face à l’est ; mais ce front avait un développement de près de 7 kilomètres et demi. L’infanterie et l’artillerie tout entières se trouvaient engagés dans une lutte des plus violentes et sur une seule ligne. Il y en avait une seconde, à Tronville, mais elle ne comprenait que les 5e et 6e divisions de cavalerie et la moitié de la 37e brigade[1].

Les Français se trouvaient dans une situation extrêmement favorable. Le flanc gauche de leur position était protégé par la place de Metz, tandis que leur flanc droit était couvert par de fortes batteries établies sur la voie romaine et une nombreuse cavalerie ; ils pouvaient, en toute sécurité, attendre l’attaque de front que dirigeait contre eux leur téméraire adversaire.

À la vérité, il ne pouvait plus être question pour eux de continuer ce jour-là leur marche sur Verdun en laissant peut-être devant l’ennemi une forte arrière-garde. Si le maréchal Bazaine avait voulu, en général, rendre cette retraite possible, il eût dû prendre l’offensive et se débarrasser des corps prussiens qu’il avait directement en face de lui.

  1. La première de la 19e division (1e du Xe corps). (N. d. T.)