Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/67

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mais il n’hésita pas un instant à l’attaquer quand il trouva celle-ci tout entière devant lui. Avec son corps d’armée seul il soutint la lutte jusque dans l’après-dînée et il avait refoulé l’ennemi de Flavigny jusqu’à Rezonville, sur une distance de près de 4 kilomètres. C’est là un des plus brillants faits d’armes de toute la guerre.

Grâce au précieux concours du Xe corps on put, dans le courant de l’après-midi, mener à bonne fin la bataille, en restant sur la défensive et en faisant faire simplement de vigoureux retours offensifs à la cavalerie, grâce aussi à la persévérance de l’artillerie que rien ne rebutait Le soir venu, il était prudent de ne pas provoquer, par de nouvelles attaques, l’ennemi disposant d’une énorme supériorité numérique, et de ne pas compromettre le résultat si péniblement acquis, alors qu’on ne pouvait pas espérer recevoir de nouveaux renforts.

Les forces des troupes étaient épuisées, elles n’avaient presque plus de munitions ; les chevaux n’avaient pas été dessellés de quinze heures et, durant tout ce temps-là, ils n’avaient rien eu à manger. Une partie des batteries ne pouvait plus s’avancer qu’au pas et le corps le plus rapproché sur la rive gauche de la Moselle, le XIIe, était éloigné de plus d’une journée de marche.

Cependant le général en chef de la deuxième armée envoya, à 7 heures du soir, l’ordre d’exécuter avec toutes les troupes un mouvement en avant contre la position ennemie. Le Xe corps d’armée était absolument hors d’état de donner suite à cet ordre. À l’aile droite seulement une partie de l’artillerie put se porter en avant, suivie de quelques fractions peu nombreuses de l’infanterie. Les batteries arrivèrent jusqu’à la hauteur au sud de Rezonville, qu’on s’était disputée avec tant d’acharnement, mais là elles se trouvè -