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lade ne fut complètement arrêtée qu’à 10 heures du soir. C’était, à la vérité, un avantage que la ligne de bataille la plus avancée fût occupée par le IIe corps composé de troupes moins épuisées et que, derrière celles-ci, les fractions complètement emmêlées des VIIe et VIIIe corps pussent se reconstituer.

Le cours qu’avait pris la lutte avait nettement prouvé que l’aile gauche des Français, qui occupait une position presque imprenable, grâce à la configuration du terrain et aux travaux qui y avaient été faits, n’en pouvait être délogée, en dépit du dévouement et de la bravoure des troupes, même au prix des plus grands sacrifices. Les deux adversaires étaient en face l’un de l’autre, menaçants tous deux, se touchant presque, et à même de reprendre la lutte le lendemain matin. Le succès de la journée dépendait de ce qui se serait passé à l’aile opposée.

À 5 heures un quart, le prince de Wurtemberg, à Saint-Ail, avait jugé le moment venu de procéder à l’attaque de l’aile droite française ; mais celle-ci s’étendait vers le nord à une distance beaucoup plus considérable que le front de la garde royale ; elle s’étendait même plus loin que ne le savait le général en chef français lui-même. À la vérité, les Saxons avaient pris part à l’enlèvement de Sainte-Marie-aux-Chênes, mais en ce moment le prince royal de Saxe concentrait son corps le long de la forêt d’Auboué, afin de prendre l’ennemi en flanc. Pour cette concentration, il dut attirer à lui l’une de ses brigades depuis Jarry, une autre depuis Sainte-Marie, et étant donné que le départ de son corps, de Mars-la-Tour, avait subi des retards, on ne pouvait compter sur son intervention directe qu’au bout de quelques heures.

Se conformant à l’ordre qui lui avait été donné, la 4e bri-