Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/86

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tout les officiers supérieurs. Des milliers de morts et de blessés marquent le passage de ces bataillons qui, malgré ces pertes si graves, continuent à avancer. Leurs rangs décimés se reforment sans cesse et, alors même qu’ils n’ont plus à leur tête que de jeunes lieutenants ou des candidats officiers, ces braves soldats tiennent bon et conservent toute leur force morale.

Mais, à mesure qu’ils se rapprochent de l’ennemi, leur fusil à aiguille produit davantage son effet. Les Français sont refoulés hors de toutes leurs positions avancées, souvent même ils n’attendent pas pour les évacuer que les Prussiens les abordent.

À 6 heures et quart les bataillons se sont avancés jusqu’à la distance de 600 pas d’Amanvillers, et de 800 pas de Saint-Privat. Ici les pentes sont un peu plus escarpées, elles offrent quelques faibles couverts et les troupes épuisées par l’effort qu’elles viennent de faire s’arrêtent en tirant parti des tranchées-abris que l’adversaire leur a abandonnées. À Sainte-Marie il n’y a plus pour toute réserve que quatre bataillons, en arrière d’une ligne qui a 4000 pas d’étendue.

Avec l’aide des douze batteries de la garde qui sont accourues, on repousse sans fléchir les retours offensifs de la division de Cissey et les charges de la cavalerie française ; mais il faut que les fractions, décimées par suite des pertes énormes qu’on vient de subir, attendent pendant plus d’une demi-heure, en face de deux corps d’armée entiers, et tout près d’eux, qu’on leur porte secours.

En effet, ce n’est que vers 7 heures que, à gauche de la garde, deux brigades d’infanterie saxonne apparaissent sur le champ de bataille pendant que les deux autres se reforment encore près de la forêt d’Auboué ; par contre,