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Page:Von Moltke - La Guerre de 1870.djvu/87

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leur artillerie avait ouvert, depuis un certain temps déjà, un feu très vif sur Roncourt.

À la nouvelle que les Allemands essayaient, en s’étendant de plus en plus, de tourner son aile droite, le maréchal Bazaine avait, à 3 heures de l’après-midi déjà, donné à la division de grenadiers de la garde, général Picard, réunie à Plappeville, l’ordre de se rendre à cette aile. Quoique la distance à parcourir ne s’élevât pas à plus de 7 kilomètres et demi, cette division, dont le concours eût été si précieux, n’était pas encore arrivée, s’étant écartée de la route directe pour prendre à droite par la vallée boisée, et le maréchal Canrobert, qui n’arrêtait plus, qu’au prix des plus grands efforts, la poussée des Prussiens, résolut de concentrer davantage ses forces autour de la forte position de Saint-Privat. Il décida qu’une faible avant-garde seule protégerait la retraite de ses troupes depuis Roncourt, mais que, par contre, on continuerait à occuper la lisière du bois de Jaumont.

Dès lors les Saxons ne rencontrèrent pas, à Roncourt, la vive résistance à laquelle ils s’attendaient et, après un engagement de peu d’importance, ils pénétrèrent dans la localité, de concert avec les compagnies de l’extrême aile gauche de la garde. Mais une partie des bataillons saxons avait, auparavant déjà, cessé de marcher sur Roncourt en faisant un crochet à droite et s’avança directement sur Saint-Privat afin de secourir la garde.

Les vingt-quatre batteries des deux corps d’armée allemands faisaient dans cette localité des ravages terribles. Des maisons en grand nombre brûlaient ou bien s’effondraient par suite de l’explosion des obus qui y étaient lancés. Mais les Français étaient résolus à tenir à tout prix cette localité, qui était la clef de la position. Les batteries de leur aile