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Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/165

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de la solidarité. C’est par elle que nous irons vers la vraie civilisation.

— C’est la science qui nous mènera à la civilisation parfaite, trancha net le ministre.

— Oh ! avant cela, dit Barrois, elle aura bien besoin qu’on la reforme, cette pauvre science ! Toutes les monomanies dogmatiques des religions se sont réfugiées chez elle. Elle a ses papes, ses cardinaux, ses évêques ; ses conciles, où on décrète des articles de foi ; ses devins qui devraient avoir des bonnets pointus ; et ses explications du vol des oiseaux ; et ses thaumaturges qui persuadent sans prouver ; et ses fidèles qui croient sans comprendre… Oui, oui, elle est dogmatique, la brave science, et, comme tout dogme est forcément erreur, il faudra qu’on change cela, un jour ou l’autre. Quand ?… Comment ?… Voilà ce que je ne sais pas… Mais comme c’est ennuyeux tout ce que nous racontons là !

— Non, dit madame d’Audichamp, mais c’est bien subversif. Comme vous pensez mal, mon cher Barrois ! Tout le monde ce soir, d’ailleurs, est abominable.

— Mais non, madame ! Monsieur Marken a défendu le christianisme de la manière la plus efficace, en disant qu’il nous a révélé la femme. C’est en effet à cela que notre triste espèce devra de trouver son équilibre, ce qui ne manquera pas de se produire dès qu’on aura reconnu l’égalité des sexes.

— Voilà qu’il est féministe ! Barrois, je ne vous avais jamais vu sous une aussi mauvaise lumière.

— Tous les hommes sont féministes, bien chère madame, informez-vous. S’il n’y avait pas les femmes pour faire obstacle !…