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Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/166

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— Oui, dit tout à coup Léonora Barrozzi. Elles s’obstinent à prendre les chaînes qu’elles portent pour des colliers.

— Comme ça ferait bien à l’Ambigu cette phrase ! confia madame Simpson au général de Troisbras, que cette conversation avait totalement dégoûté.

Barrois s’écriait :

— Bravo, mademoiselle ! Vous allez venir à mon aide, je vois ça. Vous aussi vous êtes féministe ? Quelle chance ! C’est la première fois que je rencontre une femme qui pense ainsi sans avoir d’abord pris la précaution d’être laide.

— Je ne suis pas féministe au sens habituel du mot et je ne tiens pas à voir les femmes affirmer leur indépendance par des allures spéciales. Même je ne sais si la question avance beaucoup de ce fait qu’on leur permet de discuter devant des juges la question du mur mitoyen, ou de défendre les cambrioleurs…

– Ah ! moi je suis pour les femmes avocates, interrompit madame Steinweg. Ça nous convient si bien de faire prendre des blagues pour la sainte vérité !

— Il faudrait justement, dit Léonora, que les femmes fussent écartées des professions où la duplicité est tenue pour une arme loyale. Car ce qu’elles ont à acquérir, avant de mériter un peu de ce qu’elles demandent, c’est le courage de la vérité et, d’abord, sa notion, qu’elles n’ont pas.

— Voilà, voilà ! Toujours la même chose ! dit Barrois ; quand une femme est féministe, c’est par mépris pour les femmes.