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Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/84

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— Vous aimez notre Léo, monsieur, et elle vous aime aussi ? Vous êtes bien heureux ! Je vous envie…

— Auriez-vous eu, madame, l’imprudence de démériter son affection ?… Je sais qu’elle est, comme le dieu d’Israël, fort implacable par tempérament.

— Oui, j’ai démérité. Mais je me repens. Depuis que je l’ai retrouvée, j’ai aussi découvert que j’avais absolument besoin d’elle. Elle ne croit plus en moi, cela me fait une peine affreuse. Vous dites qu’elle ressemble au Dieu d’Israël… Est-ce qu’il ne pardonnait pas quelquefois, lorsqu’il s’était donné l’agrément de la vengeance ?

– J’espère qu’elle ne vous pardonnera pas, madame ; on ne pardonne que par mépris.

— Alors, que faire ?… Elle m’aimait bien, autrefois, vous savez !

— Je m’en doute !… On ne ressuscite pas les sentiments qu’on a détruits, mais rien n’empêche qu’on rebâtisse sur la place des ruines.

— Ah ! je voudrais tant ! Et cela semble si facile ! Je suis si différente de la mauvaise sotte à qui elle en veut ! J’ai un cœur tout neuf… Mais elle ?…

— Madame, le plus grand des poètes a dit dans un vers devenu banal, que l’amour ne permet pas à l’être aimé de n’aimer point. Mais, si je comprends bien, vous vous êtes remise à chérir mademoiselle Barozzi depuis quelques jours, et vous l’aviez oubliée pendant des années… Soyez patiente.

— Si nous causions un peu de Wagner, ou du soleil couchant ? dit Léonora d’un ton de sarcasme. Ne penses-tu pas que tes relations avec monsieur