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XII
INTRODUCTION

naître. Et je crains bien que des motifs semblables ne nous interdisent, à jamais, de prendre plaisir et profit à la lecture des Commentaires de Jacques de Voragine sur saint Augustin.

Mais d’ailleurs aucun autre des livres du savant et saint moine n’a eu, même en son temps, un succès comparable à celui de cette Légende des Saints que, presque dès son apparition, l’Europe tout entière s’est plu à appeler la Légende Dorée. Ce livre sans pareil doit avoir été écrit vers 1255, lorsque l’auteur n’était encore qu’un tout jeune professeur de théologie : car l’Histoire Lombarde, qui en forme l’appendice, s’arrête à la mort de Frédéric II, sans même signaler l’élection au trône pontifical d’Alexandre IV[1]. Resterait l’hypothèse que Jacques de Voragine eût écrit sa Légende après l’Histoire Lombarde, et se fût, ensuite, borné à joindre à son nouveau livre cette chronique, rédigée quelques années plus tôt : mais il n’eût point manqué, en ce cas, de mettre au courant la fin de sa chronique, de même qu’il a fait pour le commencement : puisque, aussi bien, parmi les innombrables erreurs qui ont cours, depuis le seizième siècle, au sujet de la Légende Dorée, aucune n’est plus scandaleusement injuste que celle qui consiste à représenter comme une rapsodie, comme un mélange incohérent de morceaux rassemblés au hasard, un livre d’une unité et d’un ensemble parfaits, où chaque récit se trouve expressément

  1. Notons encore que, dans tout son livre, Jacques de Voragine ne nomme pas une seule fois ce pape, ni, non plus, Thomas d’Aquin, qui, dès 1235, avait commencé à devenir une des gloires de l’ordre des Frères Prêcheurs.