Page:Voragine - Légende dorée.djvu/202

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l’image, la voix des anges se fit entendre, chantant : « Reine des cieux, réjouis-toi, alléluia, carton divin fils est ressuscité, alléluia, comme il l’a dit, alléluia. » Et aussitôt saint Grégoire ajouta : « Mère de Dieu, priez pour nous, alléluia ! » Alors il vit, au-dessus de la forteresse de Crescence, un grand ange qui essuyait et remettait au fourreau un glaive ensanglanté ; et le saint comprit que la peste était finie ; et en effet elle l’était. Et depuis lors cette forteresse prit le nom de Fort-Saint-Ange. Après quoi saint Grégoire, réalisant son ancien désir, envoya en Angleterre Augustin, Mélitus, Jean, et quelques autres prêtres, et convertit les Anglais, par leur entremise, comme aussi par ses prières et par ses mérites.

V. Telle était l’humilité de saint Grégoire, que jamais il ne permettait qu’on fît son éloge. À l’évêque Étienne, qui l’avait loué dans ses lettres, il répondait : « Vous m’accablez d’éloges dans vos lettres, et cependant il est écrit qu’on doit s’abstenir de louer un homme aussi longtemps qu’il vit. » De même, dans une lettre à Anastase, patriarche d’Antioche : « Les éloges que vous me donnez m’embarrassent fort. Car je considère ce que je suis, et j’ai conscience de ne rien avoir qui mérite de telles éloges ; et, d’autre part, considérant ce que vous êtes, je n’admets point que vous puissiez mentir. » Quant aux appellations flatteuses, il les rejetait absolument. Il écrivait à Euloge, patriarche d’Alexandrie, qui l’avait appelé pape universel : « Je prie Votre Sainteté de ne plus m’appeler de ce titre. Car ce n’est point un honneur pour moi qu’un titre obtenu aux dépens de mes frères ! » Et lorsque Jean, évêque de Constantinople, eut obtenu par fraude du Synode le titre de pape universel, saint Grégoire écrivit à son sujet : « Qui est celui qui, contre les statuts évangéliques, contre les décrets canoniques, ose s’affubler d’un titre nouveau ? » Il n’admettait même point que les autres évêques le considérassent comme leur donnant des ordres ; et il écrivait à Euloge : « Je vous prie de ne plus employer, à mon endroit, l’expression d’ordres, car je sais qui je suis et qui vous êtes : en