Page:Voragine - Légende dorée.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Puis, voyant la constance de Marc dans la foi, il l’envoya à Aquilée, où sa prédication convertit au christianisme une foule innombrable, et où l’on conserve aujourd’hui encore, très pieusement, un manuscrit de son évangile qui passe pour écrit de sa main. Enfin saint Marc, ayant achevé son œuvre à Aquilée, revint à Rome, emmenant avec lui un citoyen d’Aquilée, Hermagoras, qu’il avait converti, et que saint Pierre, sur sa recommandation, consacra évêque de sa ville natale. Cet Hermagoras gouverna dès lors son diocèse d’une façon exemplaire, jusqu’au jour où, pris par les infidèles, il reçut la couronne glorieuse du martyre.

Quant à Marc, saint Pierre l’envoya ensuite à Alexandrie, où, le premier, il prêcha la parole de Dieu. Le savant juif Philon avoue lui-même que, dès son arrivée dans cette ville, une multitude d’hommes se trouvèrent unis dans la foi et la continence. Papias, évêque d’Hiéropolis, a d’ailleurs résumé en beau style quelques-uns de ses sermons, et Pierre Damien nous dit de lui : « Dieu lui accorda une si précieuse faveur que, dès son arrivée à Alexandrie, tous ceux qu’il convertit acquirent aussitôt une perfection de mœurs presque monastique, ce à quoi lui-même les a d’ailleurs encouragés non seulement par ses miracles, mais aussi par l’exemple de ses propres mœurs. Et Dieu lui a encore permis de revenir, après sa mort, en Italie, de telle sorte que la terre où il a écrit son évangile a obtenu l’honneur de posséder ses reliques. Bienheureuse es-tu, Alexandrie, qui as été empourprée de son sang triomphal ! Bienheureuse es-tu, Italie, qui as été enrichie du trésor de ses restes ! »

Telle était l’humilité de saint Marc qu’il se coupa le pouce afin de ne pouvoir pas être ordonné prêtre : mais saint Pierre passa outre, et le consacra évêque d’Alexandrie. On raconte que, en arrivant dans cette ville, son soulier se rompit et qu’il le donna à réparer à un savetier rencontré sur sa route. Le savetier, en réparant le soulier, se blessa grièvement à la main gauche, sur quoi il s’écria : « Ah ! Dieu unique ! » Ce qu’entendant, saint Marc dit : « En vérité le Seigneur bénit mon chemin ! »