Page:Voragine - Légende dorée.djvu/288

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l’empereur Tibère, lui envoya, pour s’excuser de la mort de Jésus, un messager nommé Albain. Or, à cette époque, Vespasien gouvernait, au nom de Tibère, le pays des Galates, et Albain, poussé par la tempête sur la côte de Galatie, fût amené en présence de Vespasien. Et c’était la coutume du pays que tout naufragé qui y débarquait devenait l’esclave du prince. Vespasien demanda à Albain qui il était, d’où il venait, et où il allait. Et Albain : « Je suis habitant de Jérusalem, je viens de cette ville, et je me rends à Rome. » Alors Vespasien : « Tu viens du pays des mages, et, par suite, tu dois connaître le secret de guérir. Vois donc à me donner tes soins ! » Car Vespasien avait dans le nez, depuis l’enfance, une espèce de vermine, d’où lui était venu son surnom même de Vespasien. Albain répondit : « Seigneur, je ne connais point la médecine, et ne puis donc pas te guérir. » Mais Vespasien : « Si tu ne me guéris, tu seras mis à mort ! » Alors Albain lui dit : « Celui qui a su rendre la vie aux aveugles, exorcisé les, démons, ressuscité les morts, celui-là pourra te guérir, non pas moi ! » Et Vespasien : « Qui est donc celui-là ? » Et Albain : « C’est Jésus de Nazareth, que les Juifs ont mis à mort par jalousie. Si tu crois en lui, tu retrouveras aussitôt la santé ! » Et Vespasien : « Je crois que, s’il a pu ressusciter les morts, il pourra me délivrer de mon infirmité ! » Et aussitôt les vers lui sortirent du nez, et il retrouva la santé. Rempli de joie, il s’écria : « Oui, certes, c’était un Fils de Dieu, celui qui a pu me guérir ! Et je vais demander à César la permission de me rendre à Jérusalem, pour châtier tous ceux qui ont livré cet homme et l’ont fait mourir. Quant à toi, Albain, retourne auprès de ton maître, je te rends la liberté ! » Vespasien alla donc à Rome, afin d’obtenir de Tibère la permission de détruire Jérusalem et toute la Judée. Et pendant de nombreuses années il réunit des troupes, sous le règne de Néron, pendant que les Juifs, de leur côté, se révoltaient contre l’Empire. Mais d’autres chroniques affirment que ce n’était point le zèle pour le Christ qui le faisait agir, mais le désir de réprimer l’insurrection des Juifs. Enfin