Page:Voragine - Légende dorée.djvu/289

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il se mit en route vers Jérusalem, avec une nombreuse armée, et, le jour de Pâques, il mit le siège autour de la ville, où se trouva ainsi enfermée une foule de Juifs venus de la campagne pour les fêtes. Sur son chemin, il attaqua une ville de Judée nommée Jonapata, dont Josèphe était le chef ; et celui-ci, après une courageuse résistance, voyant que la destruction de la ville était imminente, se réfugia avec onze autres Juifs dans un souterrain, où ses compagnons et lui souffrirent de la faim pendant quatre jours. Ces malheureux, malgré l’avis de Josèphe, aimaient mieux mourir là que de se soumettre au joug de Vespasien. Ils résolurent donc de se tuer les uns les autres, afin d’offrir leur sang à Dieu en sacrifice ; et comme Josèphe était le principal d’entre eux, c’était lui qu’on voulait mettre à mort le premier. Mais Josèphe, personnage prudent, et qui tenait à la vie, se constitua le juge du sacrifice, et décida que l’on tirerait au sort, deux par deux, ceux qui auraient à être tués les premiers. Après quoi, il livra à la mort tantôt l’un tantôt l’autre de ses compagnons, jusqu’à ce qu’enfin ne restèrent plus que lui-même et l’homme qui devait tirer au sort avec lui. Alors Josèphe, adroitement, prit à cet homme son épée, et lui demanda ensuite s’il préférait vivre ou mourir. L’homme, épouvanté, le supplia de lui conserver la vie. Josèphe s’adressa en secret à un familier de Vespasien, et le pria de demander à son maître que grâce lui fût faite de la vie. Amené devant Vespasien, il lui dit : « Prince, je t’informe que l’empereur de Rome vient de mourir, et que le Sénat t’a nommé pour le remplacer ! » Et Vespasien : « Si tu es prophète, pourquoi n’as-tu pas prédit à cette ville qu’elle aurait à se soumettre à moi ? » Cependant, quelques jours après, des délégués arrivèrent de Rome pour annoncer à Vespasien qu’il était élevé à l’Empire. Le nouvel empereur partit pour Rome, laissant à son fils Titus le soin de poursuivre le siège de Jérusalem.

La même histoire apocryphe raconte ensuite que Titus, en apprenant l’honneur échu à son père, fut rempli d’une joie qui lui tordit les nerfs et paralysa ses membres. Ce