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Page:Voragine - Légende dorée.djvu/346

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et le manteau que tu vois sur moi-, et, ayant tout cela, je ne demande rien d’autre. » On dit aussi qu’il portait toujours dans son sein un suaire dont il se servait pour essuyer ses larmes, parce que, toutes les fois qu’il se rappelait la douce voix de son divin maître, il ne pouvait s’empêcher de pleurer de tendresse. Il pleurait aussi au souvenir de son reniement ; et, de là, lui était venue une telle habitude de pleurer que Clément nous rapporte que son visage semblait tout brûlé de larmes. Clément nous dit encore que, la nuit, en entendant le chant du coq, il se mettait en prières, et que de nouveau les larmes coulaient de ses yeux. Et nous savons aussi, par le témoignage de Clément, que, le jour où la femme de Pierre fut conduite au martyre, son mari, l’appelant par son nom, lui cria joyeusement : « Ma femme, souviens-toi du Seigneur ! »

Un jour, Pierre envoya en prédication deux de ses disciples : l’un d’eux mourut en chemin, l’autre revint faire part à son maître de ce qui était arrivé. Ce dernier était, suivant les uns, saint Martial, suivant d’autres, saint Materne, et suivant d’autres encore, saint Front ; le disciple qui était mort était le prêtre Georges. Alors Pierre remit au survivant son bâton, lui disant d’aller le poser sur le cadavre de son compagnon. Et, dès qu’il l’eût fait, le mort, qui gisait déjà depuis quarante jours, aussitôt revint à la vie.

II. En ce temps-là vivait à Jérusalem un magicien nommé Simon qui se prétendait la Vérité Première, promettait de rendre immortels ceux qui croiraient en lui, et disait que rien ne lui était impossible. Il disait encore, ainsi que nous le rapporte le livre de Clément : « Je serai adoré publiquement comme un dieu, je recevrai les honneurs divins, et je pourrai faire tout ce que je voudrai. Un jour que ma mère Rachel m’avait envoyé aux champs pour moissonner, j’ordonnai à une faux de moissonner d elle-même, et elle se mit à l’œuvre, et fit dix fois plus d’ouvrage que les autres. » Il disait aussi, d’après Jérôme : « Je suis le Verbe de Dieu, je suis l’Esprit-Saint, je suis Dieu tout entier ! » Il faisait mouvoir des serpents d’ai-