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la légende dorée

rain, il faisait rire des statues de pierre et de bronze, il faisait chanter les chiens. Or cet homme voulut discuter avec Pierre, et lui montrer qu’il était Dieu. Au jour convenu, Pierre se rencontra avec lui, et dit aux assistants : « Que la paix soit avec vous, mes frères, qui aimez la vérité ! » Alors Simon : « Nous n’avons pas besoin de ta paix : car si nous nous tenons en paix, nous ne pourrons pas travailler à découvrir la vérité. Les voleurs aussi ont la paix entre eux. N’invoque donc pas la paix, mais la lutte ; et la paix ne se produira que lorsque l’un de nous deux aura vaincu l’autre. » Et Pierre : « Pourquoi crains-tu le mot de paix ? La guerre ne naît que du péché ; et où il n’y a pas péché, il y a paix. C’est dans les discussions que se trouvent la vérité, c’est par les œuvres que se réalise la justice. » Et Simon : « Tout cela ne signifie rien. Mais moi je te montrerai la puissance de ma divinité, et tu seras forcé de m’adorer : car je suis la Vertu Première, je puis voler dans les airs, créer de nouveaux arbres, changer les pierres en pain, rester dans la flamme sans souffrir aucun mal ; tout ce que je veux faire, je peux le faire. » Mais Pierre discutait une à une toutes ses paroles, et découvrait la fraude de tous ses maléfices. Et Simon, voyant qu’il ne pouvait résister à Pierre, jeta à l’eau tous ses livres de magie, afin de n’être pas dénoncé comme magicien, et s’en alla à Rome, pour s’y faire adorer comme un dieu. Et Pierre, dès qu’il le sut, le suivit à Rome.

III. Il y arriva dans la quatrième année du règne de Claude, y passa vingt-cinq ans, et y ordonna, en qualité de coadjuteurs, deux évêques, Lin et Clet, l’un pour le dehors, l’autre pour la ville même. Infatigable à prêcher, il convertissait à la foi de nombreux païens, guérissait de nombreux malades ; et, comme il faisait toujours l’éloge de la chasteté, les quatre concubines du préfet Agrippa, converties par lui, refusèrent de retourner près de leur amant : en telle sorte que celui-ci, furieux, cherchait une occasion de perdre l’apôtre. Or le Seigneur apparut à Pierre et lui dit : « Simon et Néron ont de mauvais desseins contre toi ; mais ne crains rien, car je suis avec toi.