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la légende dorée

dans les airs, avec une couronne de laurier sur la tête. Et Néron dit aux deux apôtres : « Simon dit la vérité ; vous, vous n’êtes que des imposteurs. » Et Pierre dit à Paul : « Lève la tête, et regarde ! » Paul leva la tête, vit Simon qui volait, et dit à Pierre : « Pierre, ne tarde pas davantage à achever ton œuvre, car déjà le Seigneur nous appelle ! » Alors Pierre s’écria : « Anges de Satan, qui soutenez cet homme dans les airs, au nom de mon maître Jésus-Christ, je vous ordonne de ne plus le soutenir ! » Et aussitôt Simon fut précipité sur le sol, où il se brisa le crâne et mourut.

Ce qu’apprenant, Néron fut désolé de la perte d’un tel homme, et dit aux apôtres qu’il les en punirait. Il les remit entre les mains d’un haut fonctionnaire nommé Paulin, qui les fit jeter en prison, sous la garde de deux soldats, Procès et Martinien. Mais ceux-ci, convertis par Pierre, leur ouvrirent la prison et les remirent en liberté, ce qui leur valut, après le martyre des apôtres, d’avoir tous deux la tête tranchée par ordre de Néron. Or Pierre, cédant enfin aux supplications de ses frères, résolut de s’éloigner de Rome ; mais comme il arrivait à une des portes de la ville, à l’endroit où s’élève aujourd’hui l’église Sainte-Marie ad Passus, il rencontra le Christ qui venait au-devant de lui ; et il lui dit : « Seigneur où vas-tu ? » Et le Seigneur répondit : « Je vais à Rome, afin d’y être de nouveau crucifié ! » Et Pierre : « De nouveau crucifié ? » Et le Seigneur : « Oui ! » Et Pierre dit : « Alors, Seigneur, je vais retourner à Rome, pour être crucifié avec toi ! » Sur quoi le Seigneur remonta au Ciel, laissant Pierre tout en larmes. Et celui-ci, comprenant que l’heure de son martyre était venue, revint à Rome, où il fut saisi par les ministres de Néron, et conduit devant le préfet Agrippa ; et Lin rapporte que son vieux visage rayonnait de joie. Le préfet lui dit : « Tu es bien l’homme qui te plais à vivre parmi les gens du peuple, et à éloigner du lit de leurs maris les femmes des faubourgs ? » Mais Pierre répondit : « Je ne me plais que dans la croix du Seigneur ! » Alors, en sa qualité d’étranger, il fut condamné au supplice de la croix : tan-