Page:Voragine - Légende dorée.djvu/360

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transporter en un certain lieu. Et vous, venez en ce lieu demain matin ! Vous y trouverez deux hommes en prière, nommés Tite et Luc ; Vous leur direz pourquoi je vous ai envoyés vers eux ; ils vous baptiseront, et vous serez admis au royaume céleste. » Survinrent alors deux autres soldats envoyés par Néron pour voir s’il avait subi sa peine. Et comme il voulait également les convertir, ils lui dirent : « Si tu ressuscites après ta mort, nous croirons à tes paroles ; mais, maintenant, marche plus vite pour aller recevoir le châtiment qui t’es dû ! » Un peu plus loin, sous la porte d’Ostie, il rencontra une femme chrétienne appelée Plautille, qu’on appelait aussi Lemobie ; et cette femme, toute en larmes, se recommanda à ses prières. Et Paul lui dit : « Plautille, ma chère enfant, prête-moi le voile dont tu recouvres ta tête ; je m’en lierai les yeux et puis tu le reprendras ! » Et les bourreaux se moquaient d’elle, disant : « Comment peux-tu donner à cet imposteur un objet aussi précieux ? »

Parvenu au lieu de sa passion, Paul se tourna vers l’Orient, et, les yeux levés, au ciel, il pria longtemps. Puis, ayant dit adieu à ses frères, il s’attacha autour des yeux le voile de Plautille, s’agenouilla, tendit le cou, et fut décapité. Et lorsque déjà sa tête était séparée de son troncs sa bouche prononça, en hébreu, le nom de Jésus, que, vivante, elle avait eu tant de douceur à répéter sans cesse ! De sa blessure jaillit d’abord un flot de lait, jusque sur le manteau d’un soldat, puis le sang coula, et de son corps s’exhala un parfum délicieux. Or Néron, ayant appris tous ces miracles fut grandement effrayé, et s’enferma chez lui avec ses confidents. Soudain, toutes les portes étant fermées Paul entra et lui dit : « César, me voici, soldat du roi éternel et invincible ! Et toi, malheureux, tu mourras d’une mort éternelle, pour avoir injustement tué les serviteurs de ce roi ! » Cela dit, il disparut. Néron, épouvanté, ne sut plus ce qu’il faisait. Sur le conseil de ses amis, il fit remettre en liberté Patrocle, Barnabé et les autres chrétiens. Cependant, les soldats qui avaient conduit Paul vinrent le lendemain