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la légende dorée

matin au tombeau du martyr. Ils y trouvèrent Tite et Luc occupés à prier, et, debout au milieu d’eux, Paul lui-même. Tite et Luc en voyant les soldats, s’enfuirent, et Paul disparut. Mais les soldats crièrent aux deux disciples : « Nous ne venons pas ici pour vous persécuter, mais pour recevoir de vous le baptême, ainsi que nous l’a ordonné Paul, qui était tout à l’heure debout près de vous ! » Ce qu’entendant, les disciples revinrent sur leurs pas et les baptisèrent avec une grande joie.

La tête de Paul fut jetée dans une fosse avec une foule d’autres, de telle sorte qu’on ne parvenait guère à la retrouver. Mais un jour, comme on vidait la fosse, un berger ramassa un crâne, du bout de son bâton, et le mit dans son étable. Et pendant trois nuits ce berger et son maître virent une lumière ineffable briller au-dessus de ce crâne. Ce qu’apprenant, l’évêque et les fidèles reconnurent que c’était la tête de Paul. On la porta donc en grande pompe, et déjà l’on s’apprêtait à la placer au-dessus du tronc lorsque le patriarche dit : « Tant de saints martyrs ont eu leurs têtes jetées, pêle-mêle, dans cette fosse, que nous ne pouvons pas être sûrs que ceci soit la tête de saint Paul. Mettons-la donc plutôt à ses pieds ; et si c’est vraiment sa tête, que le tronc se retourne pour l’avoir sur ses épaules ! » Ainsi fut fait ; et voilà que, à l’étonnement de tous, le corps se retourna dans le cercueil ! Et tous, bénissant Dieu, reconnurent que c’était bien là la tête de Paul. C’est du moins ce que raconte saint Denis, dans sa lettre à Timothée.

Grégoire de Tours affirme que les chaînes de saint Paul font de nombreux miracles. Lorsque des fidèles désirent avoir un peu de limaille de ces chaînés, un prêtre frotte les chaînes avec une lime ; et parfois la limaille s’obtient aussitôt, tandis que d’autres fois le prêtre a beau frotter très longtemps, pas un grain de limaille ne tombe des chaînes.

On lit, dans le même Grégoire de Tours, qu’un désespéré se préparait un lacet pour se pendre, tout en ne cessant pas de répéter : « Saint Paul, viens à mon