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la légende dorée

pèlerin lui raconta toute son histoire. Et Pierre : « Que la paix rentre en toi, et prends ton mal en patience ! Ta femme dort et son enfant avec elle. Mais Dieu est puissant : il peut tout enlever et tout rendre. Il pourra, s’il le veut, changer ta tristesse en joie. » Pierre le conduisit ensuite à Jérusalem, lui montra tous les lieux où le Christ avait prêché et fait des miracles, le lieu de sa passion et celui de son ascension ; et pendant deux ans il l’instruisit dans la foi. Après quoi le pèlerin reprit la mer pour rentrer dans sa patrie. Et comme, sur l’ordre de Dieu, le vent avait poussé de nouveau le bateau près de l’île où avaient été déposés la femme morte et l’enfant, le pèlerin obtint des matelots la permission d’y aborder.

Or, le petit garçon, dont Marie-Madeleine s’était chargée, et sur qui elle veillait de loin pour le maintenir en vie, venait souvent jouer dans le sable du rivage ; et le pèlerin, en approchant de l’île, fut très surpris de voir cet enfant en un tel lieu. L’enfant, de son côté, n’ayant jamais vu aucun homme, prit peur, et se réfugia auprès de sa mère morte, dont il téta le sein à son habitude. Et le pèlerin, s’étant approché, aperçut sa femme, qui semblait dormir, et Un bel enfant qui lui tétait le sein. Alors il prit l’enfant dans ses bras et s’écria : « Ô bienheureuse Marie-Madeleine, combien ma joie serait grande si seulement ma femme vivait encore et pouvait rentrer avec moi dans notre patrie ! Et je sais que toi, qui m’as donné un enfant, et qui pendant deux ans as veillé sur lui, tu aurais le pouvoir d’obtenir du ciel que la vie fût rendue à la mère ! » À peine avait-il ainsi parlé que sa femme ouvrit les yeux, comme si elle s’éveillait, et dit : « Bénie sois-tu, Marie-Madeleine, qui m’as tenu lieu de sage-femme dans mes couches et m’as fidèlement secourue dans tous mes besoins ! » Et le pèlerin stupéfait : « Es-tu donc vivante, ma femme chérie ? » Et elle : « Oui, certes ; et je reviens à présent du pèlerinage dont tu reviens toi-même. Et, quand saint Pierre te conduisait dans Jérusalem, te montrant tous les lieux où a vécu et est mort le Christ, j’étais là aussi, sous la conduite de sainte Marie-Madeleine. » Le pèlerin,