Page:Voragine - Légende dorée.djvu/428

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« Je suis Gamaliel, qui ai nourri l’apôtre Paul et lui ai enseigné la Loi : Mais près de moi, dans mon tombeau, repose saint Étienne, qui, après avoir été lapidé par les Juifs, fut jeté hors de la ville pour être dévoré par les bêtes et les oiseaux de proie. Or, le maître pour qui il avait souffert le martyre, n’a point permis que cela arrivât ; de sorte, que j’ai pu recueillir pieusement ses restes et les ensevelir dans mon propre caveau. Et il y a aussi, dans mon tombeau, Nicodème, mon neveu, celui qui vint trouver Jésus la nuit, et qui fut baptisé par Pierre et par Jean. Les princes des prêtres en furent si irrités que, sans la peur qu’ils avaient de nous, ils l’auraient tué. Du moins, ils le dépouillèrent de tous ses biens comme de ses dignités, et, l’ayant battu de verges, le laissèrent à demi mort. Je le recueillis dans ma maison, où il survécut encore quelques jours ; et puis, quand il mourut, je le fis ensevelir aux pieds de saint Étienne. Enfin, il y a aussi, dans mon tombeau, mon fils Abibas, qui, à l’âge de vingt ans, fut baptisé en même temps que moi, et, restant chaste toute sa vie, apprit la Loi de la bouche de Paul, mon élève. Quant à mon autre fils Sélémie et à ma femme Œthée, qui ne voulurent point recevoir la foi du Christ, ils n’ont pas été jugés dignes d’être ensevelis avec nous. Tu trouveras leurs corps ailleurs, leurs sépulcres sont vides. » Cela dit, saint Gamaliel disparut. Et Lucien, s’éveillant, pria Dieu que, si sa vision était vraie, elle lui apparût encore une seconde fois, et une troisième.

La semaine suivante, Gamaliel lui apparut de nouveau, et lui demanda pourquoi il avait négligé de faire ce qu’il lui avait ordonné. Et Lucien : « Je ne l’ai pas négligé ; mais j’ai prié le Seigneur que, si ma vision venait bien de lui, il me la fît apparaître deux autres fois encore. » Et Gamaliel : « Je vais t’apprendre, par des symboles, de quelle façon tu pourras distinguer les reliques de chacun de nous ! » Après quoi il lui montra trois vases d’or et un vase d’argent. L’un des vases d’or était plein de roses rouges, les deux autres de roses blanches ; le vase d’argent était plein de safran. Et