Page:Voragine - Légende dorée.djvu/429

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Gamaliel dit : « Ces vases sont nos cercueils. Le vase plein de roses rouges est le cercueil de saint Étienne, qui, seul de nous, a mérité la couronne du martyre. Les deux vases pleins de roses blanches sont mon cercueil et celui de Nicodème, parce que nous avons persévéré, d’un cœur sincère, dans la foi du Christ. Enfin, le vase d’argent, plein de safran, est le cercueil de mon fils Abibas, qui brillait d’une blancheur, virginale, et mourut en état de pureté. » Cela dit, il disparut de nouveau. La semaine suivante, il apparut une troisième fois au prêtre, à qui il reprocha ses retards et sa négligence. Aussitôt Lucien courut à Jérusalem, et raconta tout à l’évêque Jean. L’évêque, avec tout son clergé, se rendit dans le jardin du prêtre ; et à peine eut-on commencé à fouiller le sol qu’une odeur délicieuse en sortit, au contact de laquelle soixante-dix personnes furent guéries de diverses maladies. Les cercueils des saints furent transportés dans l’église de Jérusalem où saint Étienne avait jadis rempli les fonctions d’archidiacre.

Cette invention de saint Étienne eut lieu le jour où l’Église célèbre aujourd’hui la passion du saint. Mais on en a transporté la fête à un autre jour, afin que, le jour où l’on a coutume de fêter le saint, l’hommage des fidèles s’adressât plutôt à son martyre qu’à la découverte de ses reliques.

Quant à la translation de celles-ci, voici comment nous la raconte saint Augustin. Un sénateur de Constantinople, nommé Alexandre, se rendit à Jérusalem avec sa femme, et fit construire, en l’honneur de saint Étienne, une belle église, où il ordonna qu’on l’ensevelît lui-même après sa mort. Mais, sept ans après sa mort, sa veuve Julienne, rentrant dans sa patrie, voulut emporter avec elle le corps de son mari. Alors l’évêque, qu’elle suppliait de l’y autoriser, lui montra deux cercueils d’argent et lui dit : « Je ne sais pas lequel de ces deux cercueils est celui de ton mari ! » Et elle : « Moi, je le sais bien ! » Sur quoi, elle s’élança, et couvrit de baisers le corps de saint Étienne. Et ainsi, croyant reprendre le corps de son mari, elle prit, par hasard, celui du pre-