Page:Voragine - Légende dorée.djvu/445

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que le même jour, à la même heure, saint Dominique avait rendu l’âme.

Un autre Frère, nommé Raon, se trouvait, ce jour-là, dans une chapelle de Tibur, où il célébrait la messe. Et, comme il savait que Dominique était malade, il voulut prier pour sa santé, à l’endroit du canon où mention est faite des vivants. Mais aussitôt il fut ravi en extase, et vit Dominique sortant de Bologne par une voie royale, la tête ceinte d’une couronne d’or, et accompagné de deux anges resplendissants. Il nota le jour et l’heure, qui coïncidaient avec ceux de la mort du saint.

III. Quelque temps après sa mort, et en présence du grand nombre de miracles qu’opéraient ses reliques, les fidèles crurent devoir transporter celles-ci dans un lieu plus en vue. On ouvrit donc le caveau où le corps du saint avait été déposé ; et une odeur délicieuse s’en exhala, qui effaçait tous les parfums du monde, et qui imprégnait non seulement les restes mêmes du saint corps, mais aussi le cercueil et la terre entassée alentour. Et ceux des frères qui avaient touché aux reliques gardaient ce parfum surnaturel attaché à leurs mains.

VI. Un noble de Hongrie était venu, avec sa femme et son petit garçon, visiter les reliques du saint dans une église de Silon. Et comme l’enfant, tombé gravement malade, était mort, son père porta son cadavre devant l’autel de saint Dominique, et s’écria tout en larmes : « Grand saint, je suis venu joyeux vers toi, je m’en vais désolé ! Je suis venu avec mon fils, je m’en vais sans lui ! Je t’en prie, rends-moi mon fils, rends-moi la joie de mon cœur ! » Aussitôt l’enfant se releva, et se mit à marcher dans l’église. — Une autrefois, comme un des serviteurs d’une dame noble de Hongrie s’était noyé, et que son corps n’avait été retiré de l’eau qu’après un très long délai, la dame pria saint Dominique de le ressusciter, promettant, si elle était exaucée, de donner la liberté au serviteur mort, et d’aller en pèlerinage, pieds nus, aux reliques du saint. Aussitôt le mort ressuscita ; et la dame accomplit son vœu. — Une autre fois encore, en Hongrie, un homme dont le fils venait de mourir invoqua l’aide de