au Christ et non aux idoles. Or Philippe avait un officier nommé Décius qui s’était rendu célèbre par sa bravoure guerrière. Envoyé en Gaule pour soumettre à l’empire les Gaulois rebelles, Décius s’acquitta si heureusement de sa mission que Philippe, pour mieux honorer son retour, alla au-devant de lui jusqu’à Vérone. Mais Décius, enivré par son succès, convoita l’empire, et projeta la mort de son maître. Une nuit que celui-ci dormait sous sa tente, Décius s’introduisit secrètement auprès de lui et l’étrangla ; après quoi il se gagna, à force de promesses et de récompenses, l’armée qui était venue à Vérone avec le défunt empereur, et il marcha sur Rome à grandes étapes. Alors le fils de Philippe, effrayé, confia à saint Sixte et à saint Laurent tout le trésor de son père, en leur enjoignant de le distribuer aux églises et aux pauvres, dans le cas où lui-même serait tué par Décius. Puis il s’enfuit et se cacha, pendant que le Sénat allait au-devant de Décius et le confirmait dans l’empire. Et Décius, afin de prouver que ce n’était point par trahison qu’il avait tué son maître, mais par zèle religieux, se mit à persécuter cruellement les chrétiens, ordonnant de les égorger tous sans miséricorde. Des milliers de chrétiens moururent dans cette persécution, et le jeune Philippe, entre autres, y recueillit la couronne du martyre.
Décius fit alors rechercher le trésor de Philippe. On lui amena saint Sixte, dont on lui dit à la fois qu’il était chrétien et qu’il détenait le trésor cherché. Et Décius le fit jeter en prison, pour le forcer à renier le Christ et à livrer le trésor. Et Laurent, marchant derrière son maître Sixte, lui criait : « Père, où vas-tu sans ton fils ? Prêtre, où vas-tu sans ton diacre ? » Et saint Sixte lui répondait : « Ne crois pas, mon fils, que je t’abandonne ! Mais tu as encore à soutenir de plus grandes luttes pour la foi du Christ. Dans trois jours, tu me rejoindras au ciel ! » Et il lui remit tout le trésor de Philippe, en lui recommandant de le distribuer aux églises et aux pauvres. Aussi Laurent commença-t-il tout de suite à rechercher les chrétiens, pour secourir chacun d’eux d’après son besoin. Dans cette même nuit, il guérit une veuve que