Page:Voragine - Légende dorée.djvu/454

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tourmentait depuis longtemps un terrible mal de tête, et, d’un signe de croix, rendit la vue à un aveugle.

Cependant, saint Sixte, s’étant refusé à adorer les idoles, fut condamné à avoir la tête tranchée. Et Laurent, marchant derrière lui, lui criait : « Saint Père, ne m’abandonne pas, car j’ai dépensé déjà le trésor que tu m’avais confié ! » Ce qu’entendant, les soldats s’emparèrent de Laurent et le conduisirent devant le tribun Parthenius. Et celui-ci le mena devant Décius, qui lui dit : « Où est le trésor qu’on nous a dit que tu cachais ? » Et comme Laurent ne répondait pas, Décius le livra au préfet Valérien, avec ordre de le supplicier de la façon la plus affreuse s’il refusait de sacrifier aux idoles et de rendre le trésor. Valérien, à son tour, mit Laurent sous la garde d’un officier nommé Hippolyte, qui le jeta en prison avec une foule d’autres chrétiens. Or il y avait, dans la prison, un païen nommé Lucillus, qui, à force de pleurer, avait perdu la vue. Laurent lui promit de lui rendre la vue s’il voulait croire au Christ et recevoir le baptême. Lucillus se hâta d’y consentir, et demanda avec insistance à être baptisé. Laurent lui ordonna d’abord de se confesser, puis, lui versant de l’eau sur la tête, il le baptisa au nom du Christ. Et aussitôt Lucillus recouvra la vue : de telle sorte que tous les aveugles vinrent trouver Laurent qui, par ses prières, obtint que l’usage des yeux leur fût rendu. Ce que voyant, Hippolyte lui dit : « Montre-moi le trésor ! » Et Laurent : « Ô Hippolyte, si tu veux bien croire dans notre Seigneur Jésus-Christ, je te montrerai mon trésor, et tu auras, en outre, la vie éternelle ! » Et Hippolyte : « Si tu fais ce que tu dis, je ferai moi-même ce à quoi tu m’exhortes ! » Et il se convertit, et reçut le baptême avec tous les siens. Et, pendant qu’on le baptisait, il dit : « Je vois les âmes des saints se réjouir dans le ciel ! »

Là-dessus, Valérien manda à Hippolyte de lui amener Laurent. Et Laurent lui dit : « Allons ensemble, car la même gloire se prépare pour toi et pour moi ! » Au tribunal, Laurent, interrogé de nouveau sur le trésor, demanda un délai de trois jours, que Valérien lui accorda