Page:Voragine - Légende dorée.djvu/474

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

portait encore dans son sein, elle eut un rêve où elle se vit donnant le jour à un petit chien tout blanc, et qui aboyait d’une voix vigoureuse. Elle raconta ensuite son rêve à un homme de Dieu, qui, inspiré d’en haut, lui dit : « Tu seras mère d’un petit chien excellent qui, gardien de la maison de Dieu, aboiera vigoureusement contre ses ennemis ! »

Enfant, Bernard souffrait de cruels maux de tête. Un jour une jeune femme vint auprès de lui, pour adoucir sa souffrance par des chants ; mais l’enfant, indigné, la chassa de sa chambre. Et Dieu le récompensa de son zèle, car, aussitôt après, il se leva de son lit et fut guéri. La nuit de Noël, comme le petit Bernard, attendant l’office du matin dans l’église, se demandait à quelle heure de la nuit le Christ était né, l’enfant Jésus lui apparut tel qu’il était sorti du sein de sa mère. Aussi, toute sa vie, crut-il que c’était à cette heure-là qu’était né le Seigneur. Et, depuis lors, il acquit une compétence spéciale dans tout ce qui touchait à la Nativité du Christ, ce qui lui permit de parler mieux que personne de la Vierge et de l’Enfant, et d’expliquer le récit évangélique relatif à l’Annonciation.

Or le vieil ennemi de l’homme, voyant le petit Bernard en des dispositions si saines, s’efforça de tendre des pièges à sa chasteté. Mais comme, un jour, à l’instigation du diable, l’enfant avait tenu longtemps les yeux fixés sur une femme, soudain il rougit de lui-même, et, pour se punir, il entra dans l’eau glacée d’un étang, d’où il ne sortit que transi jusqu’aux os. Une autre fois, une jeune fille nue pénétra dans son lit pendant qu’il dormait. Bernard, dès qu’il l’aperçut, lui céda en silence la part du lit qu’il occupait ; après quoi, s’étant retourné de l’autre côté, il s’endormit. Et la malheureuse, après l’avoir longtemps touché et caressé, fut prise de honte malgré son impudeur, de telle sorte qu’elle se releva et s’enfuit, pleine à la fois d’horreur pour elle-même et d’admiration pour le saint jeune homme. Une autre fois, comme Bernard avait reçu l’hospitalité dans la maison d’une dame, celle-ci, en voyant sa beauté, fut saisie d’un vif désir de