Page:Voragine - Légende dorée.djvu/508

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Mais elle se mit en prières et les bêtes disparurent.

Une autre fois, une armée passa près d’elle ; et un chef la commandait que tous adoraient ; et ils dirent à Théodore : « Debout, et adore notre prince ! » Mais elle répondit : « Je n’adore que mon Dieu ! » Dénoncée au chef, celui-ci la fit rouer de coups ; et puis, armée et chef, tout s’évanouit, car tout cela n’était qu’une ruse du diable. Et maintes fois encore elle fut ainsi tentée et persécutée, mais toujours sa prière lui assura la victoire.

Enfin, après sept années, l’abbé, admirant sa patience, lui pardonna et l’autorisa à rentrer dans le monastère avec son enfant. Elle y vécut deux ans de la façon la plus sainte. Puis, un jour, elle appela l’enfant et s’enferma avec lui dans sa cellule. Ce qu’apprenant, l’abbé ordonna à des moines d’aller écouter à la porte ce que disait le frère Théodore. Et celui-ci, couvrant l’enfant de baisers, lui disait : « Mon fils chéri, le terme de ma vie approche ! Je te laisse à Dieu, qui sera ton père et ton soutien. Mon enfant, ne te relâche pas de jeûner et de prier, et de servir humblement tes frères ! » Puis, ayant dit cela, Théodore rendit son âme au Seigneur et s’endormit doucement en lui : mais l’enfant, à cette vue, éclata en sanglots. Or la même nuit, l’abbé du monastère eut une vision. Il vit de grandes noces qui se préparaient ; et toute la troupe des anges, des prophètes, des martyrs et des saints était là ; et au milieu d’eux se tenait une femme environnée de gloire, qui bientôt alla s’asseoir sur le lit nuptial ; et tous, debout, la saluaient. Et une voix s’éleva, qui dit : « Cette femme est le frère Théodore, faussement accusé d’avoir eu un enfant ! » L’abbé, réveillé, courut avec ses frères à la cellule du moine défunt ; et, en découvrant celui-ci, ils virent que c’était une femme ; et l’abbé, ayant mandé le père de la jeune fille qui l’avait dénoncé, lui dit : « L’amant de ta fille est mort ! » Puis, relevant le manteau du mort, il lui montra que c’était une femme.

Le lendemain, l’abbé entendit une voix qui lui disait : « Lève-toi, monte à cheval, et va à la ville ; et, le premier homme que tu rencontreras, prends-le en croupe