Page:Voragine - Légende dorée.djvu/529

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rencontreras ta femme Anne, qui, inquiète de ta longue absence, se réjouira grandement de ta vue ! » Cela dit, l’ange disparut ; mais il apparut ensuite à Anne, qui pleurait amèrement l’absence de son mari ; il lui annonça ce qu’il venait d’annoncer à Joachim, et lui ordonna de se rendre à Jérusalem, devant la Porte d’Or, pour y rencontrer son mari. Anne et Joachim se rencontrèrent donc, tous deux, se réjouissant de leur vision et de la postérité qui leur était promise. Et, ayant adoré le Seigneur, ils revinrent chez eux.

C’est ainsi qu’Anne conçut et mit au monde une fille, qui fut appelée Marie. Et lorsque furent achevées les trois années de l’allaitement, l’enfant fut conduite au temple avec des offrandes. Le temple était situé sur une montagne ; et, pour parvenir à l’autel des holocaustes, qui se trouvait à l’extérieur, on avait encore à monter quinze marches, correspondant aux quinze psaumes graduels. Et voici que la petite fille monta toutes ces marches sans l’aide de personne, comme si elle était déjà dans la perfection de l’âge. Puis, quand elle eut accompli son offrande, ses parents revinrent chez eux, la laissant avec les autres vierges dans le temple ; et là, tous les jours, elle croissait en sainteté, visitée par les anges, et admise à la vision divine. Elle s’était imposé pour règle de rester en prière depuis le matin jusqu’à la troisième heure ; jusqu’à la neuvième heure, ensuite, elle s’occupait à tisser la laine ; après quoi elle se remettait en prière, jusqu’au moment où un ange venait lui apporter sa nourriture.

Quand elle eut quatorze ans, le prêtre déclara que les vierges instruites dans le temple et qui étaient parvenues à leur puberté devaient retourner chez elles, pour être unies à des hommes en légitime mariage. Les autres vierges obéirent à cet ordre. Seule, Marie dit qu’elle ne pouvait y obéir, car ses parents l’avaient consacrée au service de Dieu, et elle-même avait voué sa virginité au Seigneur. Ce qui mit le prêtre en grand embarras, car il n’osait ni rompre un vœu, — l’Écriture ayant dit : « Faites des vœux et remplissez-les ! » — ni autoriser