Page:Voragine - Légende dorée.djvu/530

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un acte contraire aux usages. Lors de la fête qui suivit, les vieillards convoqués furent d’avis qu’en matière si douteuse on devait s’en remettre à l’inspiration divine. Et, comme tous étaient en prière, une voix sortit du fond du temple, disant que tous les hommes nubiles et non mariés de la maison de David devaient s’approcher de l’autel, chacun portant une baguette à la main ; et la voix ajoutait que la Vierge Marie aurait à épouser celui d’entre eux dont la baguette produirait des feuilles. Or il y avait là un homme de la maison de David nommé Joseph, qui, seul, ne se présenta point devant le prêtre, estimant inconvenant de prétendre, à son âge, devenir le mari d’une vierge de quatorze ans. De telle sorte que le miracle prédit par la voix divine n’eût point lien. Et le prêtre, de nouveau, interrogea le Seigneur, qui répondit que celui-là seul n’avait pas apporté sa baguette qui était destiné à devenir le mari de la vierge. Force fut donc à Joseph de se présenter à l’autel ; et aussitôt sa baguette produisit des feuilles, et l’on vit descendre sur elle une colombe, du haut du ciel. Alors Joseph, se trouvant ainsi fiancé, se rendit à Bethléem, sa patrie, afin de s’occuper de préparer ses noces, tandis que Marie retournait à Nazareth, dans la maison de ses parents, avec sept vierges de son âge que le prêtre lui avait données pour compagnes. C’est vers ce temps-là que l’ange Gabriel lui apparut, pendant qu’elle était en prière, et lui annonça que d’elle naîtrait le Fils de Dieu.

Le jour exact où devait être commémorée la nativité de la Vierge fut très longtemps ignoré des fidèles. Mais un jour, suivant ce que rapporte Jean Beleth, un saint homme, qui vivait dans la contemplation, s’aperçut que tous les ans à la même date, le 6 septembre, il entendait une merveilleuse musique d’anges, célébrant une fête. Il supplia le Ciel de lui révéler quelle fête c’était qu’on célébrait au ciel ce jour-là ; et il obtint pour réponse que c’était le jour anniversaire de la naissance de la glorieuse Vierge Marie : ce dont il fut chargé, en outre, de faire part aux fils de la sainte Église, pour qu’ils s’unissent, dans la célébration de la fête, avec les troupes célestes.