Page:Voragine - Légende dorée.djvu/551

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À ces mots, Satan se leva de son trône, alla vers ce diable, lui posa sur la tête sa propre couronne et le fit asseoir près de lui, en disant : « Tu as fait là une grande action, et il n’y a personne qui ait mieux employé son temps ! »

C’est sans doute à un débat du même genre qu’aura assisté le Juif dont parle saint Grégoire. Toujours est-il que, après que de nombreux diables eurent rendu compte de leurs méfaits, l’un d’eux s’avança et révéla quelle tentation charnelle il avait inspirée à l’évêque André, ajoutant que, la veille, à l’heure des vêpres, il avait poussé si loin son œuvre de tentation que l’évêque avait, par manière de caresse, posé sa main sur le dos de la religieuse. Alors Satan l’exhorta à compléter son œuvre, qui lui vaudrait une gloire merveilleuse parmi ses pairs. Puis il lui dit d’aller voir quel était le téméraire qui avait osé venir se coucher dans son temple. Le Juif, comme l’on pense, tremblait de tous ses membres ; mais le diable, s’étant approché de lui, découvrit qu’il était muni du signe de la croix. Et il dit à ses compagnons : « C’est un vase vide, en vérité, mais marqué du signe contre lequel nous ne pouvons rien ! » Aussitôt toute la foule des mauvais esprits disparut ; et le Juif, réveillé, alla trouver l’évêque, à qui il raconta sa vision. Aussitôt André gémit profondément et renvoya de sa maison toutes les femmes qui s’y trouvaient. Le Juif, de son côté, se fît baptiser.

V. Saint Grégoire rapporte également dans ses Dialogues, qu’une religieuse, étant entrée, dans un jardin, aperçut Une laitue qui la tenta si fort qu’elle y mordit sans l’avoir bénie d’un signe de croix, Aussitôt le diable pénétra en elle. Et comme saint Équice venait pour l’exorciser, le diable s’écria : « Qu’ai-je fait de mal ? J’étais tranquillement assis, là, sur cette laitue, et voilà que cette religieuse est venue et m’a mordu ! » Mais, sur l’ordre du saint, il fut bientôt forcé de déguerpir.

VI. Enfin on lit, au livre XI de l’Histoire ecclésiastique, que l’empereur Théodose fit effacer sur les murs d’Alexandrie les emblèmes de Sérapis, et fit peindre, à