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leur place, le signe de la croix. Ce que voyant, les païens et leurs prêtres se firent aussitôt baptiser, disant qu’une ancienne tradition les avait avertis que leur religion perdrait tout pouvoir le jour où viendrait chez eux le signe de la vie : car il y avait dans leur langue une lettre, tenue pour sacrée, qui avait la forme de la croix, et qui, d’après leur doctrine, était le symbole de la vie future.




CXXXIV


SAINTE EUPHÉMIE, VIERGE ET MARTYRE
(16 septembre)


Euphémie, fille d’un sénateur, voyant les supplices infligés aux chrétiens sous le règne de Dioclétien, se rendit auprès du juge Priscus et confessa publiquement le Christ. Ce juge ordonnait que les chrétiens fussent mis à mort l’un après l’autre, et que les survivants assistassent au martyre de leurs compagnons, espérant par là les épouvanter et les détourner de leur foi. Or Euphémie, à chaque nouvelle exécution qui se faisait en sa présence, pleurait et se désolait comme si elle-même avait été suppliciée ; ce dont le jugé se réjouissait, pensant qu’elle consentirait à sacrifier aux idoles. Il lui demanda enfin de quoi elle se plaignait. Et elle : « Étant de race noble, je me plains de ce que tu me préfères des inconnus et des gens de rien, et de ce que tu leur permettes d’arriver avant moi à la gloire promise ! » Sur quoi le juge, furieux de sa déception, la fit jeter en prison, mais sans la charger de chaînes. Le lendemain, amenée de nouveau devant le juge, elle se plaignit de nouveau de ce que, contrairement à la loi, elle seule n’eût pas été chargée de chaînes. Le juge la fit remettre en prison, après avoir ordonné qu’elle fût souffletée ; et l’ayant suivie dans la prison, il voulut assouvir sur elle sa con-