Page:Voragine - Légende dorée.djvu/571

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


CXL


SAINTE JUSTINE, VIERGE ET MARTYRE
(26 septembre)


Justine était fille d’un prêtre païen d’Antioche. Tous les jours, assise à sa fenêtre, elle entendait lire l’Évangile par le diacre Proclus : et c’est ainsi qu’elle se convertit à la foi chrétienne. Sa mère fit part de la chose à son père, un soir, dans le lit où ils dormaient ensemble. Et quand ils se furent endormis, le Christ leur apparut, entouré d’anges, et leur dit : « Venez à moi, je vous donnerai le royaume des cieux ! » Réveillés, ils se firent baptiser avec leur fille.

Sainte Justine eut beaucoup à souffrir d’un mage nommé Cyprien, qu’elle finit par convertir à la foi du Christ. Ce Cyprien, qui avait été consacré au diable dès l’âge de sept ans, pratiquait les arts magiques, et savait, par exemple, changer les femmes en chevaux. S’étant pris d’amour pour Justine, c’est à la magie qu’il eut recours pour parvenir à la posséder, comme aussi pour la livrer à un certain Acladius, qui était également amoureux de la jeune fille. Il appelle donc le diable, qui, lui apparaissant, lui demande ce qu’il lui veut. Et Cyprien : « J’aime une jeune fille de la secte des Galiléens. Peux-tu faire en sorte que je la possède ? » Et le diable : « Comment ne le pourrais-je pas, moi qui ai pu chasser l’homme du paradis, forcer Caïn à tuer son frère, amener les Juifs à tuer le Christ, et troubler et corrompre l’humanité entière ? Prends cet onguent et enduis-en la porte de sa maison ; et moi, aussitôt, j’allumerai dans son cœur un grand amour pour toi. » La nuit suivante, le démon s’approche de Justine et s’efforce d’exciter son cœur à cet amour criminel. Mais elle, sentant le danger, se recommande pieusement au Seigneur et munit tout son corps du signe de la croix. À ce signe, le diable, épouvanté, s’enfuit et revient près de Cyprien,