Page:Voragine - Légende dorée.djvu/585

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Alors le démon, revenant à la charge : « Je croyais jusqu’ici que Dieu ne mentait jamais. Or, il a promis de punir, dans l’éternité, toutes les fautes non expiées sur la terre. Et l’homme que voici n’est point puni, bien qu’il ait accepté un manteau d’un certain usurier. Où donc est la justice de Dieu ? » Et l’ange : « Tu ignores la profondeur des jugements de Dieu ! » Alors le diable frappa si cruellement Fursy que, par la suite, celui-ci garda toujours le souvenir du coup. Puis, prenant en enfer un des damnés, il le lança sur lui ; et le damné, en tombant sur lui, lui brûla une mâchoire et une épaule ; et, dans ce damné, Fursy reconnut l’usurier dont il avait accepté le manteau. Et l’ange dit au mort : « C’est ta faute même qui te brûle : car, si tu n’avais pas accepté le don de ce méchant, Dieu n’aurait point permis que tu fusses ainsi châtié ! »

Revenant à la charge, le démon dit : « L’homme, d’après l’évangile, doit aimer son prochain comme lui-même. » Et l’ange : « Cet homme a toujours fait le bien à son prochain ! » Mais le diable : « Cela ne suffit pas si, en outre, il n’a pas aimé son prochain autant que lui-même ! Fursy n’a pas rempli la parole de Dieu : il doit être damné ! » De nouveau, ange et démon luttèrent, et la victoire resta à l’ange.

Alors le démon : « Si Dieu est juste, cet homme mérite d’être châtié ; car il a promis de renoncer au siècle, et, au contraire, il a aimé le siècle ! » Et l’ange : « S’il a aimé les choses du siècle, ce n’est pas pour en jouir lui-même, mais pour les donner aux pauvres ! » Et le diable : « De quelque façon qu’il les ait aimées, il a agi contre le précepte divin ! » De nouveau il y eut une lutte, mais Dieu fit en sorte que les anges restèrent victorieux, et que le mort se vit entouré d’une immense clarté.

Alors un des anges lui dit : « Retourne-toi et regarde le monde ! » Fursy, s’étant retourné, vit une vallée de ténèbres au-dessus de laquelle brillaient quatre grands feux. Et l’ange lui dit : « Tu vois les quatre feux qui brûlent le monde : le feu du mensonge, le feu de la cupidité, le feu de la dissension, et le feu de l’impiété. » Puis