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CXLVI


SAINT LÉGER, ÉVÊQUE ET MARTYR
(2 octobre)


Léger mérita par ses vertus d’être élu évêque d’Autun. À la mort du roi Clotaire, et comme on était en peine de choisir un nouveau roi, Léger, inspiré de Dieu, et avec l’approbation des princes, mit sur le trône le jeune Childéric, frère de Clotaire, merveilleusement doué pour la royauté. Seul Ebroïn, ministre de Clotaire, aurait voulu élever au trône un autre frère du roi défunt, nommé Thierry : et cela non point dans l’intérêt du royaume, mais dans le sien propre, parce que, chassé du pouvoir et détesté de tous, il redoutait la colère de Childéric et des princes. Aussi cet Ébroïn, dès qu’il vit échouer ses efforts, demanda-t-il au roi la permission d’entrer dans un monastère. Childéric le lui permit, en. même temps qu’il plaçait sous bonne garde son frère Thierry, afin de prévenir ses mauvais desseins. Après quoi grâce aux conseils de l’évêque, tout le royaume jouit d’une paix admirable. Mais au bout de quelque temps le roi, corrompu par de méchantes influences, se prit d’une telle haine contre le saint évêque, qu’il cherchait le moyen de le faire périr. Alors l’évêque, plein de douceur et embrassant comme des amis ses pires ennemis, invita le roi à célébrer la fête de Pâques dans sa cathédrale. Et, le matin de cette fête, il apprit que le roi avait l’intention de l’assassiner. Il n’en reçut pas moins son meurtrier à sa table ; mais le soir venu, il se réfugia au monastère de Luxeuil, où il servit avec charité Ébroïn lui-même, qui se cachait dans ce monastère sous l’habit d’un moine.

Peu de temps après, Childéric mourut, et Thierry monta sur le trône. Alors Léger, touché des larmes et des prières de son peuple, et contraint par l’ordre de son abbé, reprit possession de son siège épiscopal, tan-